Personnage phare de la bande dessinée francophone (17 millions d'exemplaires vendus uniquement en Belgique francophone), créé en 1929 par Hergé, il voit le jour dans le Petit Vingtième. Né à Bruxelles en 1907, le papa de Tintin, de son vrai nom Georges Rémi, entre au quotidien belge XXe siècle en 1928 et se voit confier la direction du supplément de ce journal, destiné aux jeunes lecteurs.

Commandées par le propriétaire du journal, l'abbé Wallez, les aventures de Tintin sont baignées d'anti-communisme et de paternalisme colonial. Cette orientation donnée aux histoires de notre reporter belge provient sans doute de l'enfance de son créateur, passée en partie en compagnie des scouts catholiques de Belgique. 

C'est d'ailleurs dans les journaux internes des compagnies scouts qu'il commence à publier ses dessins et sa première histoire en bande dessinée, Totor au pays des hannetons. La première aventure de notre héros est relatée dans l'album Tintin au pays des Soviets (publié en 1929).

Hergé se documente toujours énormément et parfois s'inspire de l'actualité politique internationale du moment (prohibition dans Tintin en Amérique, conflit sino-japonais dans le Lotus bleu, Anschluss entre l'Autriche et l'Allemagne dans le Sceptre d'Ottokar).

En 1945, Hergé fonde le journal Tintin, où on retrouvera Jacques Martin (pas celui du Monde Est à Vous mais d'Alix et de Lefranc) et E.P.Jacobs (Blake et Mortimer). C'est en 1983, qu'il disparaît.

Toutefois, il nous lègue l'ébauche d'une nouvelle aventure de Tintin, "L'Alph-Art", avec l'interdiction formelle de la faire dessiner par un autre que lui.

Néanmoins, en 1986, les 42 feuillets constituant la préparation de cette 24ème aventure de Tintin sortent dans un coffret vendu à 160.000 exemplaires (aujourd'hui épuisé, vous pensez bien).

Cette année, pour célébrer les 75 ans de notre reporter à houppette, Casterman fait une réédition à 500.000 exemplaires de ce coffret.

Mais ces croquis nous font moins voyager à travers une nouvelle histoire de Tintin qu'ils nous révèlent un travail préparatoire proche d'un screen-play (passionnant si on a vu l'œuvre achevée, mais d'intérêt plus limité dans le cas présent, où on ne verra jamais le résultat final).

Là où le dernier album de Gaston Lagaff était émouvant, car il associait des histoires finies et certaines arrêtées en cour, donnant la sensation de la disparition brutale, "sur sa planche de travail", de Franquin, le dernier Tintin est purement " archéologique ". 
En effet L'Alph-Art semble plus destiné aux amateurs, les chignoleurs du détail, qu'au grand public.

Cependant, cette édition nous permet de dire une dernière fois adieu au maître de Milou, tout en laissant chaque lecteur imaginer la fin de sa dernière Aventure.