Scénariste de comics de renom, il aime lancer des vannes sur les Français dans ses comics. 
Alors si comme nous, vous aimez bien donner et acceptez de recevoir en retour, faites donc la connaissance de Fabian Nicieza et de son humour.

Guild-Mag : Comment décririez-vous votre travail ? 
Fabian Nicieza : Je suis amuseur publique, et aussi responsable de sortir les poubelles deux fois par semaine.

Guild-Mag : Pourquoi avez-vous commencé à écrire pour des comic Books ? 
Fabian Nicieza : J'ai toujours voulu écrire, mais je savais aussi que c'était difficile de gagner sa vie comme écrivain. Alors, après la fac, je me suis trouvé un boulot dans la publication. Ce qui m'a permis de me faire des contacts, et l'un d'entre eux m'a permis d'obtenir un poste chez Marvel, à la production des comics. Après avoir fait partie de la maison pendant deux ans, j'ai réussi à vendre ma première histoire, depuis j'écris à la maison tout en continuant mon boulot au bureau.

Guild-Mag : Quelle est l’œuvre que vous avez réalisée dont vous êtes le plus fier ? 
Fabian Nicieza : Je ne crois pas l'avoir encore écrite. Mais en y réfléchissant, je dirais que je suis fier de la plupart de ce que j'ai fait sur New Warriors, ainsi que de certaines parties de Nomad et Turok. Et puis je crois qu'il y avait des choses intéressantes dans ce que j'ai fait sur Thunderbolts. C'est un tel processus de collaboration qu'il faut que tous les cylindres carburent en même temps pour que je puisse revenir sur quelque chose et voir comme ça s'est bien passé, au lieu de penser à tout ce qu'on aurait pu faire pour que ce soit meilleur.

Guild-Mag : Qu’écrivez-vous en ce moment ? 
Fabian Nicieza Je collabore avec Kurt Busiek surAvengers vs Thunderbolts. J'écris Hawkeye, Cable etDeadpool ; ainsi que le script d'un projet X qui sera bientôt annoncé. Et puis j'ai écrit et produit un court-métrage intitulé "Red Wind" qui sortira sur Internet fin Mars, début Avril. C'est l'aventure d'une femme assassin, forcée d'effectuer un contrat qui se révèle avoir des ramifications inattendues. Que du fun ! C'est mis en scène par Rafael Kayanan qui est parfois dessinateur de comics, parfois directeur de production, et même parfois chorégraphe de combat et spécialiste international de combat au couteau. 

Guild-Mag : Que pensez-vous de votre public français? 
Fabian Nicieza : J'y pense de la même manière que je pense à tout mon public : je leur suis reconnaissant de dépenser leur argent durement gagné, et de prendre le temps de lire mon travail. J'espère qu'il vous plaît.

Guild-Mag : Connaissez-vous des BD Franco-belges ? 
Fabian Nicieza : Pas vraiment non, en dehors des travaux de Moebius publiés par Marvel/Epic. Honnêtement je ne suis pas un gros lecteur de BD quand il s'agit d'explorer la production mondiale du genre. Je ne connais rien à ce qui se fait en Europe ou aux mangas. En plus récemment, j'ai sérieusement diminué mes dépenses en ce qui concerne les productions actuelles de Marvel et DC. Le gros de mes achats comics maintenant c'est les DC Archives aux couvertures dures, ou des vieux comics de Superman sur EBay. Quand j'ai envie de faire comme si j'étais intelligent je préfère lire des livres d'Histoire, et sinon je m'abrutis devant la télé.

Guild-Mag : Quel est votre comics préféré de tous les temps? 
Fabian Nicieza : De tous les temps : des tas de moments dans Avengers (scénarisés par Thomas, Englehart ou Shooter) ; la collaboration de Thomas et Smith surConan ; Le Quatrième Monde de Kirby ; les Detecticve Comics de Roger et Englehart ; le Daredevil de Miller ; et tout ce que fait Alan Moore. Guild-Mag : Et de ce moment ? 
Fabian Nicieza : En ce moment : ...eh bien... Je viens juste de mettre la main sur quelques épisodes de la Superman Family de la fin des années 70, et j'ai été agréablement surpris de découvrir que mon ami Tom DeFalco y a casé des histoires de Jimmy Olsen et Lois Lane. Sinon, le Superman/Batman de Loeb est vraiment marrant. Et puis je me délecte toujours des histoires écrites par Bryan Bendis, Geoff Johns et Mark Millar.

Guild-Mag : Si je vous demande comme ça une histoire drôle vous me dites ? 
Fabian Nicieza : C'est un français qui entre dans un bar avec les mains en l'air. Alors, le barman lui demande :"Ben, qu'est-ce que vous faites ?" Et le français répond "je me rend"

Guild-Mag : Vous n’avez pas peur qu’à force de vanner les français dans vos comics, le jour ou vous viendrez dans notre beau pays votre tête soit mise à prix ? 
Fabian Nicieza : Absolument pas. Si ça devait en arriver là, je dessinerais simplement un soldat sur un bout de papier et puis je ferais 1 000 photocopies et je les jetterais en l’air. Alors tout le monde croirait que le pays est envahi et vous vous rendriez. Je n’aurais plus qu’à m’en aller tranquillement, avec une bouteille de Merlot dans une main et une baguette dans l’autre. Ou peut-être une belle française sous le bras, à la place de la baguette…

Guild-Mag : Que diriez-vous à des jeunes désireux de vous prendre votre taf ? 

Fabian Nicieza : Allez piquer le boulot de Bendis, il écrit beucoup plus de séries ce qui fait plus de cibles à viser. Sérieusement, je ne crois pas que les choses aient changé au fil des années pour ce qui est de se faire une place dans les "major" du comics - Marvel et DC (si c'est comme ça que vous définissez vos ambitions). J'ai toujours pensé qu'il y avait six portes à déverrouiller, tout ce que vous avez à faire c'est de trouver la clé d'une de ces portes :

1- Travailler dans les comics hors de Marvel ou DC, et attirer l'attention d'un éditeur dans l'une ou l'autre de ces compagnies (comme Brian Bendis ou Judd Winninck)
2- Travailler, ou avoir une réputation, en dehors des comics dans un genre qui intéresse un éditeur chez l'une ou l'autre de ces compagnies (comme Kevin Smith ou Brad Meltzer) 
3- Etre dessinateur dans une de ces compagnies et réussir à convaincre un éditeur de vous laisser écrire (comme Frank Miller, Walt Simmons ou John Byrne il y a longtemps)
4- Connaître un dessinateur dans une de ces compagnies qui veut travailler avec vous et qui accepte de dessiner un de vos scénarios comme présentation pour un éditeur (qui accepterait alors votre boulot).
5- Connaître quelqu'un dans une de ces compagnies (de préférence un éditeur) et faire en sorte que cette connaissance vous donne une chance de vendre votre boulot.
6- Se trouver un boulot dans une de ces compagnies, bien faire son boulot, apprendre à connaître le système de l'intérieur et essayer de vendre votre boulot à un éditeur (comme Frank Tieri, Peter David ou moi-même).
Si vous trouvez une de ces clés, la porte s'ouvrira. Ce qui ne veut pas dire qu'on vous invitera à entrer dans la pièce, ni, si on vous laisse entrer, qu'on vous laissera y rester jusqu'à la fin des temps. Sauf si vous êtes comme moi et que vous vous cachez dans un coin sous une lampe en acajou.

Questions de Titibolt et du Beyonder, traduction de Zort.