Quand les héros font un max de bruit. "La BD c'est un peu de la pop music. Avec des rythmes lents ou ultra rapide" disent certains dessinateurs (Cookie pour ne pas le citer). Les relations entre ces deux modes d'expression sont forts. Il n'y a qu'a voir comment Métal Hurlant (la BD française créée en 1975) a su rallier à elle toute une génération de musicos : Devo, Bleu Oyster Cult, Cheap Trick, Black Sabbath dans le film animé de 79. Ou comment une BD faisant chanter ses pages n'attendait que les guitares électriques pour dessiner la musique sur grand écran.

Mais que devient cette synergie quand les relations deviennent pécuniaires ? Que dire de la qualité des BD mettant en scènes le groupe Kiss (par Marvel et Image) ou des mésaventures de Nightcat, la chanteuse super-héroique, créée spécialement par Marvel en association avec la maison de disque RCA? La faiblesse résidé évidemment, comme pour la majorité des gros coups, sur le manque de réelle idée scénaristique permettant d'exploiter durablement une licence.

Pourtant les personnages de fiction issus des "illustrés" ont toujours inspiré les compositeurs, sans que les producteurs n'aient à les inciter à exploiter un filon. Si Bécassine reste connue pour être la cousine à Chantal Goya ses amis américains ne sont pas en reste : Serge Lama passe auprès des femmes pour Superman en 71 et Céline Dion a un fils avec Superman en 1991. Mais restons pragmatiques ce sont surtout des groupes underground qui sont inspirés par les supers héros. Que dire du WolvBleus, du groupe X-Man (dont le nom fait référence sans les nommer aux X-Men pour des questions de droit ), du Superman des Stereophonics... et de Prince avec son fameux Batdance ?

Heureusement parfois pour certaines occasions commandées l'alchimie opère naturellement. C'est Jack Nicholson et Tim Burton (acteur et réalisateur) qui ont demandé à Prince d'écrire pour Batman (le film de 1989). Au final des 8 morceaux que proposa le compositeur funk Tim Burton n'en a retenu que 5 qui se sont ajoutés à la musique de Danny Elfman qui avait déjà été embauché pour la BO.

Mais suite au retard de Prince la Batdance qui devint le son d'une époque ne figure pas dans le film. Pourtant c'est ce titre très énergique, ayant quelques sonorités communes au black album qui restera dans les mémoires.

Cela ne signifie pas pour autant que la musique de Danny Elfman passe inaperçue. Mais cette dernière ne restera pas associée aux années 80 (elle n'était pas destinée à être jouée en boite de nuit ou à la radio), mais à un personnage (tout comme John Williams à donné une identité sonore à Superman). Danny Elfman composera les musiques du dessin animé Batman et ne s'arrêtera pas a ce super héros. Spider-Man, Flash... seront aussi musicalement "habillés" par ce "tailleur" hors paire. De là à croire que composer une musique pour super héros est un métier à part entière.

Ainsi à John Williams et Danny Elfman (les maître incontestés du genre) peux-t-on associer Graeme Revell qui a composé la BO de Spawn et Daredevil et Marco Beltrami celles de Blade II et Hellboy. Il parait désormais évident qu'un B.O. de film de super héros ne peut plus se contenter d'un best of éclectique, il faut le talent de compositeurs confirmé pour pouvoir donner, à travers un thème musical, l'envergure, que donne un comics, à ces demi-dieux.

Cette symphonie héroïque donne une dimension quasi-divine aux héros qui, s'ils y acquièrent notre admiration, perdent en proximité. Or le comics comme la musique se veulent avant tout des arts populaires proche de leur public. Ainsi certains comme Organic Comix ont décidé de recréer ce lien avec le lecteur. Une fois de plus le lien entre musique et dessin est renforcé à travers les performances en public de ces dessinateurs, qui les ont amené dans des dizaines de pays différents, tels de véritables concerts de bd.