Résolument sombre et adulte, le long métrage se retrouve ainsi interdit aux moins de 12 ans non accompagnés en Angleterre et déconseillé aux moins de 13 ans outre-Atlantique (PG-13).
Réalisateur : Mike Newell
Date de sortie : 30 Novembre 2005
Avec Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint
Film américain.
Genre : Fantastique
Durée : 2h35min
Année de production : 2005
Titre original : Harry Potter and the Goblet of Fire

Le jour même de la sortie au ciné il fallait acheter les billets deux heures à l’avance et faire la queue une heure pour pouvoir espérer obtenir au moins deux places côte à côte un peu respectables. L’ambiance est à son paroxysme, les gens impatients prêts à applaudir à la moindre occasion. On peu qualifier l’ambiance de magique puisqu’il s’agit du quatrième opus de Harry Potter. Je ne vais pas ici raconter le film, soit vous avez lu le livre, soit vous ne voulez pas avoir de Spoiler. Toutefois sans faire de résumé du film, il y a beaucoup de choses à dire.


Commentaire sur le film en tant que film
. La réalisation de Mike Newell est sportive, des scènes courtes, on ne voit pratiquement pas les personnages se déplacer. Dans un plan les héros sont dans la maison de Ron, plan d’après dans la forêt, plans suivant près du porteauloin, plan suivant dans un camping... à croire que les personnages ne marchent pas et passent leur temps à se télé-porter. La notion de lieu n’est pas la seule à être malmenée (et je ne parle pas ici de Poudlard tantôt à côté d’une fôret, tantôt à côté d’une plaine, ou d’un lac ou que sais-je encore), la notion de temps elle aussi en prend plein son matricule. Les saisons se suivent à toute allure, telle un stroboscope la 4e année scolaire de notre héros ne semble pas fluide mais constituée de flashs de moments forts. En effet, le récit se centre sur le phénomène central qui est le tournoi des trois sorciers. Du coup on n’y voit jamais les élèves étudier ou aller en cours (ou de manière si rapide que c’était sûrement pour aller ouvrir les fenêtres histoire d’aérer). Même le sacro-saint début dans la famille de Moldu qui sert de parents adoptifs à Harry a été squizé. Sans doute la volonté était-elle de changer de style narratif, d’être moins dans le film enfantin et plus dans le film d’action, voir un peu plus sombre (notamment lors de la mise à torture d’Harry par Celui-dont-je-ne-peux-pas-dire-le-nom qui ressemble à la mise à la torture de Luke par Palpatine dans le Retour du Jedi). Même le thème (enfantin et douçeureux) d’Harry Potter imaginé par John Williams se fait discret dans le générique et disparaît totalement durant le film (ce qui est une première, un film sur un héros sans qu’on y entende à aucun moment son thème musical !!). Donc, disais-je, le film mise sur l’action et il le fait bien. Mais à vouloir aller trop vite, on commet des erreurs. Ainsi lors des trois épreuves, le premier classement qui est donné est Cédric premier et Harry second, l’épreuve suivante Harry et Cédric sont ex-æquo... (Comment comprendre si on n’a pas lu le livre ?), de même on se demande ce que fait le père de Cédric dans l’école tout à coup sans prévenir, ou pourquoi alors que le plan précédent, les élèves pleurent la mort de ##### on les voit tout contents dans la cour de Poudlard... Les coupes sombres dans le scénario par contre rendent le film plus punchy. Le rythme échevelé ne laisse pas le temps au spectateur de s’ennuyer, on ne voit pas passer les 2h35 que dure le film. Les images sont très travaillées, les décors sublimes et le stade de la coupe du monde de Quidich à couper le souffle. Puis les personnages découvrent enfin leur sexualité (Mimi le fantôme des toilettes des filles est une sacrée vicelarde et Hermione nous apprend que Krum est plutôt physique comme garçon). Ce n’était pas aussi explicite dans le livre. Ce qui m’amène à la deuxième partie de mon commentaire.


Commentaire
 sur le film en tant qu’adaptation. Evidemment des coupes s’imposaient, évidemment la tronche des acteurs ne correspond pas à ce qu’on imagine, évidemment il a fallu rajouter des scènes qui ne sont pas dans le livre pour des questions de rythme et de compréhension... mais ce n’est pas de ça que je vais parler. Ce qui cloche dans ce film, c’est le choix narratif choisi par Mike Newell. Il se contente de raconter l’histoire de premier plan et néglige les intrigues larvées et secondaires. Le choix a été fait de faire de la saga Harry Potter au ciné une saga à la James Bond où la chronologie n’a finalement qu’un intérêt limité. A chaque année Harry combat un suppôt de-vous-savez-qui et gagne. Bref l’intérêt est super limité et le spectateur de plus de 7 ans qui s’intéresse un temps soit peu au scénario s’emmerde. Dans les romans, c’est déjà ce qui me soulait dans les trois premiers tomes. Mais avec la Coupe de Feu, J.K. Rowling change son fusil d’épaule et ressert le maillage qu’elle avait tissé, la guerre se prépare, les pions se mettent en place, les personnages prennent encore plus de relief. Alors comment rendre ça à l’écran quand on décide de donner à un personnage pas très sympa la tronche d’Hitler (moustache et mèche à l’appuie), qu’on donne tant d’indices que c’est à la limite si à la moitié du film on ne nous crie pas le nom du traître. Là où J.K. Rowling joue la finesse, Mike Newell arrive avec ses grands sabots. Et l’excuse de l’accessibilité pour les enfants n’entre pas en compte là puisque les livres et les films sont destinés au même public. Comment donner un sentiment de continuité entre les différents films si on ne revoit pas les personnages vus dans les autres films (L’Elfe de maison et sa campagne pour mettre fin à l’esclavage des siens) et qu’on ne met pas en route les bases des prochaines intrigues (la recherche de géants, le clash avec le ministère, la découverte du métier passionnant d’Auror qui donnera bien des vocations aux élèves de Poudlard...). Non seulement ce choix narratif ampute une bonne partie de l’intérêt de l’histoire (un peu comme si on regardait les épisodes duSeigneur des Anneaux ou de la Guerre des Etoiles comme des éléments indépendants et non comme une partie d’un tout... certes ça reste compréhensible mais beaucoup moins palpitant), mais en plus c’est prendre le pari sur le dernier tome de Harry Potter qui n’est pas encore sorti de dire que les éléments passés sous silence ne seront pas importants, ou pire de se dire que le réalisateur qui suivra n’aura qu’à se démerder pour recoller les wagons.

M. Bey qui note ’at the Rogue way’ et qui dit qu’avec tout ça il ne sait toujours pas à quoi ressemble les Scroutch à Pétards.